Une nouvelle galaxie est née dans le ciel théâtral européen : la compagnie parisienne "Le Théâtre de la Sphère" . Son apparition en 1984 à Pistoia et Montepulciano (Italie) fit songer à rien moins que "L'Echnaton" d'Achim Freier à Stuttgart, aux variations sur Shakespeare d'Ariane Mnouchkine, et au travail de Lindsay Kemp ou de Pina Bausch.
Pourtant quelque chose de nouveau et d'indépendant s'était manifesté, indicible et encore moins signalé. Mystérieuse, à la recherche d'elle même dans une spirale d'images fluctuantes, une tendance perceptible se dessinait.
Comme à la fin du Moyen Âge, lorsque miroir et labyrinthe commencèrent à devenir les symboles de la problématique de l'esprit moderne et la confirmation d'un nouveau mode de subjectivité, Anne Sicco en cette fin de vingtième siècle nous ramène dans un monde autre, continent perdu de la civilisation technique, au-delà de la logique, du temps et de l'espace. Dans ce lieu qui jadis était illuminé en tant qu'espace de conscience par le mythe et l'alchimie, là où Être et Devenir (formes et images) s'affirment simplement, sans souci de connexion...
Anne Sicco fait partie de ces artistes qui ne tentent pas au hasard d'exprimer leur monde sous la forme de mythes et de métaphores archétypales, au-delà des conceptions causales de l'espace temps ou d'une sémantique verbale traditionnelle. Sa force et la fascination qu'elle exerce tiennent à sa capacité d'inventer un nouveau langage visionnaire avec des phénomènes aussi difficilement cernables par la parole que la passion, l'amour, la mort et le sacré.
L'esthétique d'Anne Sicco dépasse la vision cartésienne prédominante prônant la séparation de l'émotion et de la cognition, de la cause et de l'effet. Elle transfère en images le paradoxe de l'existence humaine, l'unité et l'intégralité du rationnel et de l'irrationnel. »
« Le décor de François Klère était aussi peu orthodoxe que la production elle-même. Une structure métallique noire et imposante enlaçait la scène inclinée, sur laquelle les acteurs grimpaient. Toute cette construction avait l'air d'un oasis dans ce désert de sable créé devant le Reichstag de Berlin. Le spectateur de théâtre n'a que rarement le bonheur de voir une production comparable à ces quatre heures de travail. Jean-Jacques Lemètre, un phénomène musical, complétait l'action sur scène par sa maîtrise superbe de 18o instruments (avec les remerciements au Théâtre du Soleil). Le décor non idyllique, enchanté par le fond impressionnant d'histoire tragique d'Allemagne créait une opposition venimeuse entre l'histoire sur scène juxtaposée à un fascisme éthéré au fond. La beauté esthétique des images visionnaires gardait le public dans un état d’alerte et d’étonnement. Nous nous sentions transporté à travers l'enfer et le purgatoire. Anne Sicco a réussi dans un domaine qui est largement inconnu, même dans le milieu du Théâtre: un développement et une continuation du mime classique du maestro Marceau, ce mimodrame est une forme d'art originale, impossible de définir en tant que danse, théâtre ou pantomime.
Berlin a assisté l'adolescence d'un nouveau personnage dans les arts de la scène. »
Lothar Trolle, né en 1944 à Brücken, est un dramaturge allemand, poète, auteur de pièces radiophoniques, nouvelliste et traducteur.Né le 22 Janvier 1944 à Brücken, en Allemagne. Il obtient son baccalauréat en 1963, puis exerce plusieurs métiers avant d'entreprendre des études de philosophie avec Wolfgang Heise à l'université Humboldt de Berlin, de 1966 à 1970. Il devient ensuite auteur indépendant en publiant notamment dans la revue Mikado. En 1992, Frank Castorf met en scène sa pièceHermes in der Stadt (Hermès dans la ville) au Deutsches Theater de Berlin. De 1994 à 1999, il est dramaturge au Berliner Ensemble. En 2007, il est nommé écrivain de la ville de Rheinsberg. Lothar Trolle vit à Berlin.
Prix
1998 Prix de la pièce radiophonique de l'Académie des arts de Berlin pour Die 81 Minuten des Fräulein A(Les 81 minutes de Mlle A)
L’univers de Lothar Trolle ne ressemble à rien de connu. Sa langue est jubilatoire, déroutante, on ne sait pas qui parle, il n’y a pas de dialogue; une parole à tiroirs, un dédale; l’auteur connaît les lois de fusion de l’humour et de l’absurde, le point critique où le réel explose : il rit et nous fait rire en contemplant le pire. Il sait que nous vivons dans un monde où tout est prévu pour que «les arbres ne poussent pas trop haut dans le ciel.»
"Dans mes tragédies, les situations posées provoquent l'effondrement des valeurs et les individus sont libres ou forcés de vivre avec les règles qu'ils ont inventées eux-mêmes. Le résultat de tout cela, c'est que le public n'a pas à partager une attitude face à ce qu'il voit sur scène. Il n'est pas obligé d'arriver à un consensus... C'est ce que j'appelle le théâtre de la Catastrophe. C'est en un sens l'opposé de la tragédie classique qui affirme des valeurs morales tandis que dans mes pièces, l'idée est de les faire "éclater". H. Barker.
« On pourrait être dans une série américaine, avec son story bord efficace , simpliste et manichéen, mais voilà, on est chez Shakespeare, dramaturge et poète visionnaire, exceptionnellement fécond, libre penseur, maître d’une langue inouï.
ll y a dans cette pièce de Macbeth, un mélange de métal, de murs ruisselants et de fulgurantes beautés. L'idée d'une représentation académique serait une absurdité, « un non-sens total » dirait Orson Welles.
MACBETH & LADY : Chronique d'une ascension et d'une chute. Récit d'une introspection. Agitation vitale et mortelle. Puissance démentielle du désir de Pouvoir. Désordres et Illuminations. Décombres de soi. Drôle d'histoire!
Un pouvoir criminel expéditif au service d'un monde de soumission se construit. Les infanticides côtoient les félonies politiques sous une image publique respectable et séduisante: luxe, art du paraître, rêverie de grandeur, côtoient la manipulation, le crime et les puissances occultes...
Le couple manie la mort, lui en spécialiste, elle en apprenti.
Sang et puissance les stimulent. . Mépris pour les victimes et pour les êtres “inférieurs”. Union funeste. Attraction irrépressible et momentanée de deux corps finalement désaccordés.
Copulation et chute.
Gestation, Traversée et Révélation.
Le preux guerrier se féminise, malade comme Rimbaud de la nuit qui rapportera l'insomnie perpétuelle: « Macbeth à tué le sommeil, Macbeth ne dormira plus jamais ».
« Le sombre est clair, le clair est sombre » répètent les sorcières.
Dans ce monde à l'envers l'homme a radicalement perdu le nord, condamné, tels les habitants du Royaume des Morts de l'Égypte ancienne, à marcher sur le plafond de la caverne, la tête en bas.
Macbeth se pense vivant alors qu'il n'est qu'un cadavre en putréfaction et vice versa.Reflet inversé. Polarité contraire. Court circuit terminal .
Macbeth croit pouvoir ressurgir du chaos, invincible. Il réclame son armure et les virils attributs du guerrier renaissant. Il finit décapité la tête plantée au bout d'une lance après avoir appelé de ses voeux l'apocalypse: “Venez vents, venez destruction”.
ELLE, LA LADY, à se jeter dans le monde des hommes, avait rêvé du grand opéra de la toute puissance; elle ne rencontre qu'une vitre transparente qui donne sur sa propre horreur.
Bloc fragile de désir et de détermination lancé à l'assaut d'une forteresse imprenable. Triple Déchéance : solitude, vide et punition.Dès le début du premier acte elle représente l'expression parfaite de la machine à manipulation. Mère mauvaise étrangement inquiétante, ventre vide, femme hypnotique et trompeuse, qui a du flair, de l'intuition. Une femelle virilisée: « Venez, venez, esprits qui assistez les pensées meurtrières ! Débarrassez moi de mon sexe! »
C'est bien dans cette perspective “non subversive” que Shakespeare nous présente une Lady virilisée, non tueuse en acte ("S'il n'eût pas ressemblé à mon père endormi, je m'en serais chargée") mais monstrueuse par ses pensées criminelles et ses méthodes d'incitation, souhaitant des accouplements bestiaux qui la “comblerait” : “Soyez plus qu'un homme, vous n'en serez que plus homme” .
Lady Macbeth voulait accéder au pouvoir, au trône, par son mari; il fallait se débarrasser de l'ancien Roi, elle participe donc au piège mortel: accomplissement. Une fois Reine, tout ses désirs tendent vers le seul plaisir du pouvoir, le vertige du pouvoir : honneur luxe et beauté!
Faire, comme le font aujourd'hui les chefs d'État et les les descendantEs des grandes familles industrielles ou aristocratiques ayant survécu aux différents krachs boursiers. Savoir être élégante, parfois arrogante, avoir du style, parler de choses futiles avec gravité. En un mot, être impérativement superficielle. (« Lissez votre apparence rugueuse, soyez ce soir brillant et jovial parmi vos invités »).
Mais, au bout du compte, la Lady s'ennuie : « On ne possède plus rien quand notre désir est assouvi sans nous satisfaire ».
Le vide qu'elle espérait combler s'approfondit. La Reine Lady s'affaisse, la Reine Lady s'affale, la Reine Lady décroche.
Elle s'effondre enfin dans un mouvement vivant dont elle s'est détachée, avec lequel désormais elle ne se confond plus, manipulée par un mari ne s'adonnant plus qu'à un jeu de miroirs magnétiques et solitaires partant à l'infini.... jusqu'à ce que le corps tâché à jamais d'un sang coupable soit enfin rendu à une féminité normale par ces « menstrues ».
LADY MACBETH, Femme ratée, raturée par Shakespeare.
ELLE et LUI : ÉCRITURES CROISÉES.
Travail minutieux d'élucidation de l'œuvre, de traduction, et de sa projection scénique selon les principes chers à Adolphe Appia : ActeurE, Espace, Lumière.
Délaisser le personnage de la Lady (comme on a coutume de le faire dans l'analyse comme dans la représentation) est une grossière erreur, aurait pu dire Michelangelo Antonioni, réalisateur de la Notte, ou Fassbinder.Tous trois ont été mes guides dans un travail d'approche « en gros plan » des personnages et dans mon choix du découpage des scènes et des dialogues.
Cette création s'inscrit dans la lignée de tous mes travaux d'expérimentation sur l'application au théâtre (et sans trucage) des éléments constitutifs de la technique cinématographique (cut, fondu au noir, ralenti, montage en séquences rythmiques, doublage, changements de plan, plans séquence, gros plan/ hors champ, espace libre / espace occupé, intérieur/extérieur ) et plus largement des découvertes scientifiques sur notre comportement (européen) visuel et auditif.
La singularité de cette proposition consiste également:
-en la cohabitation de deux espaces distincts mais poreux : l'espace du texte (lecteurs, jardin) et celui de la scène (acteurs, cour)
-en la création de la figure du lecteur, médiateur, observateur, « passeur » du dramaturge.
Recherche d'une nouvelle distanciation.Enfin, Introduction vivante et en direct du texte anglais .
La direction d'acteurE porte particulièrement sur l'intégration de tous ces éléments ainsi que sur la notion de « réduction » et non « d'amplification », pour libérer le sens. Travail minutieux, généreux et serré des acteurEs pour ouvrir les perspectives.
Fabrication d’une bande son que j'appelle le « hors champ » de la représentation.
Denise Bonal entame sa carrière au théâtre avec l'aventure de la décentralisation. Son travail de comédienne se confond souvent avec celui d'auteur ou de professeur d'art dramatique (Conservatoire de Paris). Très jouée, elle a reçu en 2004 le Molière du meilleur auteur francophone vivant pour Portrait de famille et en 2006 le Grand Prix de littérature dramatique pour De dimanche en dimanche .
Qu'elle les moque ou qu'elle les mette en danger, Denise Bonal garde toujours une grande tendresse pour ses personnages. Gens ordinaires, ouvriers, femmes fortes, tels sont les figures récurrentes de son oeuvre qui, à la manière du pointillisme, avance par touches sensibles et poétiques. Lier l'intime et une forte conscience sociale, les petits riens et les grands desseins, voici le chemin d'écriture de cette auteure passeuse d'histoires.
“ Dans la forêt je suis dans mon entier. Une distance touffue me sépare des morales et des villes” René Ménard -le livre des arbres
Toulouse. Les Nouvelles 31. Gilbert Baqué
ON PEUT S’ÉTONNER que l’oeuvre du grand La Fontaine n’ait pas plus souvent occupé les planches. Pourtant, la gestion dramatique de ces récits on ne peut plus vivants que sont les Fables, l’identification forte des personnages, les effets visuels susceptibles d’en être tirés, sont bien des composantes avérées de l’acte théâtral. Anne Sicco l’a parfaitement compris, qui nous offre, avec toute l’audace et l’originalité qu’elle apporte à ses réalisations, une réponse réjouissante et assez exceptionnelle dans son genre.
Ce n’est sans doute pas un hasard si elle a intitulé sa mise en scène “Miroirs”... Car il est vrai que ce glissement d’une réalité (le règne animal) à celle des choses humaines, se révèle en fait comme une image, un reflet où l’homme peut contempler sa ressemblance. Son double. Et entendre ses “dires cachés”.
Les treize fables choisies, et leur remarquable interprétation par des comédiens qui savent “jouer” et “être” en même temps, ne sombrent à aucun moment dans l’effet “Walt Disney”. Le but n’est heureusement pas de faire singer l’homme par l’animal, ni l’animal par l’homme.
Ici, l’utilisation (où la troupe de L’Oeil du Silence excelle, on le sait) du mime, du masque, des silences, comme des musiques et des lumières, favorise une sorte de “parler de loin”, de distance, dont le spectateur ne peut que se réjouir, puisqu’on l’invite à participer, en toute complicité, à un savoureux et conscient “mentir-vrai”, où le rire et l’humour, en plus, ne sont jamais absents.
En vérité, nous sommes au coin du bois. Au propre et au figuré. Dans un lieu d’apparente quiétude, où se règlent des comptes. Des contes...où du burlesque au politique le plus grave, la comédie humaine et La Fontaine, se dévoilent, où le loup, l’agneau, les grenouilles et leur roi, le corbeau, le renard, et... Anne Sicco, nous énoncent, en traits joliment acérés, de salutaires et inoubliables leçons.
Gilbert Baqué
Aurillac. La Montagne/Cantal
« Prouesses visuelles et scéniques animent les fables »
« Nous sommes au cœur de la perception de l’Oeil du Silence, réinventé magistralement et ingénieusement. Les masquent tombent, les rôles s’inversent et notre appréhension d’un voyage imaginaire incurve la logique initiale. Car les acteurs apparaissent dans une ”seconde peau”, celles de leurs personnages à plumes et à poils. Ils nous donnent l’impression de voir des animaux à masques d’hommes et non des hommes déguisés en animaux. Une telle prouesse relève autant d’une excellente qualité d’interprétation que de sens profond de la mise en scène.
Les trois acteurs nous offrent une remarquable pantomime et une superbe maîtrise de l’élocution. Tantôt lion, tantôt loup, ou à la fois rat, corbeau, agneau, ils subliment un désopilant concert de grenouilles. Dans la lumière d’une forêt nimbée, les admirables jeux de scènes renvoient au mystère, à la poésie. »
Ces “nouveaux miroirs, ou la raison des muses” s’ancrent dans un fantastique médiéval avec son cortège d’animaux fabuleux et guerriers, loups, ours, lions, cerfs, renards, et son bestiaire populaire et roublard, belettes, fourmis, chats, chiens, singes et volaille...
Ils développent également le personnage féminin de la passante, en s'inspirant de l'Orlando de Virginia Woolf et de différentes figures androgynes créées par les femmes de lettres dans l'Angleterre victorienne. Au fil de leur lecture les deux héroïnes, par transmigrations, cumulent nombre de vies, muent, changent d'apparence et de sexe, disparaissent au détour d'une page . Muses ou déesses, ouvrières, papillons ou archers, elles gardent le souvenir douloureux ou amusé de leur divagations.
Fidèle à mon goût pour la peinture j'incruste dans la toile arbres, branches, armures, guindes, rouages, leviers et petites machineries inventives.
Les musiques enregistrées puisent aussi bien dans le répertoire classique que contemporain.
La structure scénographique et les constructions métalliques (cadres, treuils, poulies, machines de théâtre ) s'inspirent des petites invenzione de Léonard de Vinci
“Imaginer c’est s’absenter, c’est s’enfoncer vers une vie nouvelle” G. Bachelard
Pour aller un peu quand même dans la théorie et l’histoire du théâtre
Retrouver la filiation avec les mimes et les jongleurs du moyen âge, frappés très tôt d’interdiction.... Hincmar, archevêque de Reims défend aux prêtres le plaisir coupable des histoires et des chants profanes.
Saint-augustin: “l’homme qui introduit chez lui des histrions, des mimes et des danseurs, ne sait pas quelle multitude de démons abominables entrent avec eux.
Devant le jongleur qui récite, le public voit les héros du conte prendre vie;l ’exécutant joue un rôle dramatique, il porte la parole des personnages, il anime sa lecture par des changements de tons, par des jeux de physionomie, par des gestes. il devient acteur. La forme la plus simple du mime littéraire est le monologue (très en vogue au XVème), puis vient le mime dialogué et enfin le théâtre régulier. Ces premiers acteurs jongleurs ont été souvent comparés à des papillons qui, en se jouant, ont transporté de place en place des pollens fécondants; propagateurs d’idées, de moeurs, de modes, ils sont des agents actifs de liaison .
Comédienne, «performer», Marielle Pinsard écrit des pièces et les met en scène depuis dix ans. «Les pauvres sont tous les mêmes et autres pièces» en réunit quatre qui interrogent une certaine attitude face à la consommation et au plaisir. C’est facile de se donner bonne conscience en signant une pétition sur Internet, en un clic. C’est comme si cela permettait de s’absoudre de quelque responsabilité que ce soit.
Le lieu commun est à l’origine de cette pièce et en constitue le moteur, l’angle d’attaque pour raconter le monde d’aujourd’hui. Elle n’a pas peur d’épouser les points de vue les plus communs, ceux que la doxa impose et que nous sommes nombreux à reprendre à notre compte, intellingentzia et petite bourgeoisie confondues, masses médiocres face à la consommation.
Son regard est sans illusion mais elle a l’élégance inquiète de ne pas nous plomber la vie (ni l’art). Comme Rodrigo Garcia, dont elle est à la fois proche et lointaine, elle n’esquive pas la dimension morale de l’acte théâtral et dresse un tableau éclaté des mœurs de notre société contemporaine.
« Ivresse. Oubli.
Elle voudrait s’enfuir dans la forêt et enfouir le monde dans du coton hydrophile.
Silences - Paysages chargés d'eau. Des gestes comme des cristaux; frappe en noir et rouge. Transparence des silences et des vides.
Vagues et ressacs des yeux.
Dans le ciel, les oiseaux taillent comme des couteaux…. » AS
Face aux vaines formules toutes faites, aux mots affadis que la société n’entend plus et aux déblatérations d’adultes peu inspirés, Eulalie, 16 ans, décide brusquement de faire silence…
Denise Bonal entame sa carrière au théâtre avec l'aventure de la décentralisation. Son travail de comédienne se confond souvent avec celui d'auteur ou de professeur d'art dramatique (Conservatoire de Paris). Très jouée, elle a reçu en 2004 le Molière du meilleur auteur francophone vivant pour Portrait de famille et en 2006 le Grand Prix de littérature dramatique pour De dimanche en dimanche .
Qu'elle les moque ou qu'elle les mette en danger, Denise Bonal garde toujours une grande tendresse pour ses personnages. Gens ordinaires, ouvriers, femmes fortes, tels sont les figures récurrentes de son oeuvre qui, à la manière du pointillisme, avance par touches sensibles et poétiques. Lier l'intime et une forte conscience sociale, les petits riens et les grands desseins, voici le chemin d'écriture de cette auteure passeuse d'histoires.